Angoulême the 1st september 1944

Rédigé par Alain dans la rubrique Brigade Rac, Combat, Libération  
                                                                                
In 2010 I acquired these original photos taken the day after the Liberation of Angouleme, the 1st september 1944.

The Colonel mentioned on the back of the 1st photo is Lt. Colonel Chabanne from the Maquis Bir-Hacheim (Charente) and behind him is Commandent Rogez.
The thing I love about these photos is that it shows the Maquis before they become an army in the traditional sense and the combattants are not wearing any definite uniform.
All this would change in the coming months as the maquisards would choose either to return to civilian life or become part of an Army and continue the fight against the Germans through to May 1945.
   
 













Angoulême August 1944 :

The Maquisards of the Brigade Rac and  Bir-Hacheim and the FTP (Franc Tireurs et Partisans) of the Dordogne plan to hamper the German withdrawel from the South West of France. So, they implement a concerted attack. There were many combats on  the line from Villegagnan, La Rochefoucauld, Dirac to Aubeterre. It isn't until the 31st august that they arrive at Angoulême. After much fighting in the streets of Angoulême the city is liberated and the Germans flee towards Cognac.



La bataille d’Angoulême était gagnée. (Les pertes de la Brigade Rac pour les combats d’Angoulême furent, au total, de quatorze morts et vingt‑six blessés.)

Extrait du livre de Marc Leproux :

Alerte ! les S.S.S. (Section Spéciale de Sabotage) se dirigent sur Torsac où il y a accrochage. En effet, un cinq galons de la Kriegsmarine, von Trotha, et l’un de ses officiers ont été tués , une forte colonne ennemie a été prise à partie par le capitaine Plassard et ses hommes, les boches, supérieurs en nombre, font preuve de beaucoup de mordant, et, appuyés par leurs canons de 20, s’acharnent sur le clocher où l’abbé Richeux surveille leurs mouvements.
Au cours de cette journée, le brave curé de Torsac se dépense une fois de plus sans compter avec le plus grand mépris du danger. Quand il quitte son clocher, c’est pour prendre deux seaux et porter à boire, sous la mitraille « à ces pauvres petits qui mouraient de soif... »
‑ « Voilà du vin de messe, cela vous donnera du cœur au ventre. »
Quelques jours plus tard, il fera son entrée dans Angoulême au milieu des F.F.I. perché sur l’aile d’un camion, calot sur la tête et brassard au bras. Il ira encore rendre visite à « ses petits » sur le front de Royan et, s’il ne reste pas parmi eux, c’est que quatre paroisses réclament ses soins. Le curé de Torsac fut une grande et noble figure : Il galvanise les hommes, et n’est pas sans contribuer à les maintenir sur leurs positions où ils risquent d’être tournés, soit par la route d’Angoulême, soit par celle de Voeuil.

Le soir, le combat s’achève par le repli des Allemands sans que les S.S.S. aient eu à intervenir. Cependant, leur chef, Jacques, avait pris toutes les dispositions utiles pour appuyer ses camarades : il espérait bien essayer la mitrailleuse Bréda qui lui était échue en partage du butin italien. Personne n’en connaissant le maniement, elle avait été confiée à Karaquillo, un nouveau venu à la compagnie, qui avait été affecté au groupe Frontin mais qui était bien connu des anciens pour toute son action dans la Résistance. Ce choix était bon car lorsque le soir, vers 17 heures, deux Italiens se présentèrent pour expliquer le fonctionnement de leur arme, ils trouvèrent son nouveau possesseur bien familiarisé avec sa machine, dans une excellente position où il attendait de pied ferme l’ennemi qui, malheureusement prenait une autre direction comme le révélaient des détonations espacées qui s’éloignaient.

Lundi 28 août. ‑ Les positions sont portées en avant vers La Baronie. Des engagements ont lieu vers Nersac et Puymoyen, des prisonniers restent aux mains des F.F.I. ainsi qu’un canon qui pourra être utilisé grâce à « Saxo », des S.S.S., qui va chercher une pièce de rechange à la Fonderie de canons de Ruelle encore occupée par l’ennemi, faisant preuve ainsi d’une magnifique audace !

Mardi 29 août. ‑ Maintenant, les hommes sont en position devant Puymoyen, face aux casernes d’Angoulême qui se profilent à trois ou quatre kilomètres de distance. Le temps passe, l’impatience de chacun grandit car beaucoup résident à Angoulême et, pour eux, l’heure H est bien longue à sonner.
Pendant ce temps, l’abbé Richeux, qui est en même temps curé de Puymoyen, a réussi à entreposer dans l’église de cette localité des armes qu’il dissimule dans le confessionnal et sous le drap mortuaire et qui échappent ainsi aux Allemands elles viendront renforcer l’armement des maquisards pour la prise d’Angoulême.
« Depuis quelques instants, mes yeux ne peuvent se détacher du spectacle qui s’offre à moi, raconte Antoine. Dans ma tête reviennent des souvenirs précis, de mauvais souvenirs. Je ressens encore l’angoisse qui m’étreignait lorsqu’il y a sept mois je quittais Angoulême, minable, inquiet, traque, sans défense ! Aujourd’hui me voilà armé, gonflé, résolu, membre de la grande famille maquisarde, mon F.M. mis en batterie, mon regard se porte sur l’amoncellement des toits, depuis Grapillet, les casernes, jusqu’au promontoire de la cathédrale et des remparts.
« Le temps est très beau, le ciel bleu, calme et un petit vent follet nous apporte les rumeurs lointaines de la ville. Nous sommes juste installés en haut de la côte de Puymoyen, venant de La Baronie, où nous avons passé la nuit.

 « Les groupes se placent, Roy à ma droite, flanqué lui‑même d’un groupe de Zavaro , à gauche, les groupes Bébert et Robert le Gendarme, chacun s’affaire à trouver une position de tir et à se camoufler.
« Mon groupe est bien tombé : il est placé sur le côté droit de la route qui descend sur Angoulême, à 50 mètres devant une maison, le F. M. tapi derrière une murette de pierres sèches, prenant la route en enfilade.
« Dans les bois environnants, chacun s’installe commodément, le regard sur le glacis, en avant.
« La fusillade qui, un moment, a fait rage vers Soyaux, s’est tue en fin de soirée, et l’air calme n’est troublé que par la sarabande des martinets au vol sec et sans fin. On marche sans bruit sur l’herbe, l’oreille au guet, l’ œil impuissant dans la nuit hostile.
« Le froid de la nuit nous enveloppe. On grelotte en se faisant tout petit sous la mince couverture, les paupières sont lourdes, très lourdes, de la fatigue des jours harassants que nous venons de passer.
« Et voici l’aube, la mince lueur se précise, nous donnant l’air de fantômes et le soleil jaillit, guilleret, dans le ciel pâle. Un à un, chacun sort de sa tanière, engourdi, titubant, la voix rauque de la fraîcheur de la nuit. »

Mercredi 30 août. ‑ A peine arrivés, nous sommes déjà impatients d’avancer, Angoulême est si près ! Il semble que d’étendre la main, on le touche ! Jacques doit répondre mille fois à l’éternelle question : « Alors, quand prend‑ on Angoulême? On en a marre de rester là !... ».
Il attend les ordres du commandant Dupuy, d’ailleurs les autres troupes ne sont pas encore en place autour de la ville.
Aube triste, sale, grise, que le soleil vient égayer bien vite. C’est l’exposition des nippes humides et tièdes qui sèchent au hasard d’un support de fortune. Midi est arrivé et le moral, quelque peu déprimé par la nuit, reparaît, toujours plus insouciant.
Les ordres n’arrivent toujours pas, et dans l’inaction de l’attente, nous faisons un brin de toilette, les vêtements ne paient pas de mine, et les visages maculés de poussière, d’eau et de sueur ne sont guère accueillants.

La tête dans un baquet, on se refait une beauté malgré la barbe mal faite, que d’ailleurs nous avons décidé de ne pas raser avant la prise de la ville.
L’après‑midi nous apporte les échos de la fusillade, tantôt nourrie, tantôt languissante et qui reprend avec rage, sur la route de Périgueux, vers Soyaux. Un groupe de Roland s’avance à travers les prés à l’attaque de Grapillet, ils ont progressé à l’abri des dernières haies avant l’espace découvert, et les voici qui se lancent dans les champs par bonds ordonnés. En voilà un qui tombe, puis un autre, puis beaucoup d’autres... Sont‑ils touchés ? Bon Dieu!... Non. Ils repartent et atteignent les maisons sous le feu nourri des boches, embusqués derrière les murs. Ça se passe maintenant dans les maisons, puis tout se tait.
Ouf !... quel soulagement pour nous ! ... Et notre tour ? c’est pour quand ? Des bruits de reddition de la ville circulent. Canards ?... 11 y a trêve jusqu’à 17 h 30, paraît‑il ?
Des pourparlers sont en cours pour l’évacuation de la ville par les boches.
Si les conversations n’aboutissent pas, le chef Jacques, à partir de 17 h 30, devra se tenir prêt à passer à l’attaque dans le secteur qui lui est imparti.
Outre ses cinq groupes, il disposera de trois groupes du lieutenant Zavaro.
L’après‑midi s’avance. Un homme nous demande si nous voulons de lui :
« As‑tu une arme ? » s’enquiert Robert le Gendarme. « Oui, j’ai un fusil 36 et des munitions. »
« Viens ! »
C’était Greaud, qui sera plus tard affecté au groupe Frontin.
Ayant pris la rue Basse‑de‑Lavalette, nous débouchons avec beaucoup de précautions rue de Lavalette où des hommes du groupe « Soleil » nous ont devancés : la bagarre fait rage et plusieurs blessés ont déjà été évacués.

Avec beaucoup de précautions nous arrivons au coin de la rue Gatîne et de la rue Tourgarnier , les balles sifflent partout , les boches prennent la rue en enfilade, des hommes tombent.
L’ennemi est retranché dans la caserne du 107e. Jacques fait occuper toutes les rues autour des casernes en établissant dans les maisons des emplacements pour tirer dans les fenêtres.
Un sous‑officier du groupe Soleil vient demander l’appui du bazooka pour réduire au silence une mitrailleuse boche qui arrose son groupe depuis le début de l’action. Marcel le Tatoué et son pourvoyeur Guihal, appuyés par Jean le Cuistot, le Charcutier et Brunet, sont désignés pour cette action.
Les boches tirent encore des casernes et prennent la rue de la Tourgarnier en enfilade du bar du Coq‑d’Or, l’endroit est malsain.
Pour surplomber les casernes, nous cherchons dans des maisons des greniers très hauts, nous perdons un temps fou...
Jacques et Antoine, debouts au milieu de la chaussée, discutent et donnent les ordres avec un beau sang‑froid. Rue Lavalette, Robert le Gendarme est blessé très grièvement par une balle explosive.
La compagnie Bersas prend les boches sous son feu et les force à se replier. La nuit vient.
Nos patrouilles et celles du groupe Bernard ne rencontrent presque plus de résistance, seul le groupe Roland est attaqué près dit Champ‑de‑Mars où il laisse deux tués. A côté de lui, les F.T. P. de Soleil ont deux tués également, et nous récupérons deux de leurs blessés.
Nous prenons le pont de la Loire et la rue des Colis, protégés par de fortes murailles, nous avançons en rasant les murs...

Vers minuit, le commandant Dupuy descend de voiture devant l’Hôtel de ville où nous sommes très nombreux, des camions marqués de la croix de Lorraine arrivent sans cesse voici le commandant Rac, chef de Dordogne‑Nord, dans les remous de la foule, on reconnaît les copains, ceux qui montaient la garde à Varaignes, Nontron, Mareuil, Piégut...
Et voici la Marseillaise, hurlée par toutes les poitrines, la Marseillaise qui nous remue jusqu’aux tripes. On s’embrasse... Angoulême est libérée !...


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